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Académie de France à Rome Avec objets numériques Français
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Directorat de Jean-Victor Schnetz (1841-1846)

  • FR ISNI 0000 0001 2158 9529 20190056
  • Fonds
  • 1827 - 1850

D’une famille originaire de Suisse, Jean-Victor Schnetz est né le 14 avril 1787 à Versailles et meurt à Paris le 16 mars 1870.
Il est d’abord formé par Jean-Baptiste Regnault, puis par Jacques-Louis David, par Antoine-Jean Gros et par François Gérard. Dans les ateliers du Louvre, il noue des relations étroites avec le Belge Navez, Horace Vernet, Léopold Robert, Théodore Géricault ou le peintre Alaux. Il expose au Salon à partir de 1808 ou de 1812, jusqu’en 1867, et remporte des médailles de première classe en 1819 et lors de l’Exposition universelle de 1855.
Inscrit à l’École des Beaux-arts, Jean-Victor Schnetz se présente à cinq reprises au Prix de Rome (1809, 1812, 1813, 1814 et 1816), mais sans jamais remporter l’épreuve finale. Pour autant, il part en Italie en 1817, et se présente au concours Canova organisé par l’Académie de Saint-Luc et remporte le premier prix. Il peut dès lors fréquenter la Villa Médicis où il est reçu par son directeur Charles Thévenin. À cette même époque, Jean-Victor Schnetz prend un atelier rue Babuino, proche de celui d’Ingres. Il quitte Rome en 1820, rappelé par son frère Antoine. Un deuxième séjour à Rome de 1821 à 1824 renforce son goût pour la peinture, puis un troisième entre 1825 et 1831.
De retour à Paris en 1831, Jean-Victor Schnetz participe aux principaux chantiers décoratifs parisiens sous Louis-Philippe. Il est l’un des quatre peintres appelés pour célébrer sur les murs de l’ancienne Salle du Trône de l’Hôtel de Ville les grandes révolutions parisiennes. Ainsi, Jean-Victor Schnetz illustre le second jour des « Trois Glorieuses » de 1830.
Élu en 1837 à l’Académie des beaux-arts, il se présente en 1841, à la succession de Dominique Ingres comme directeur de l’Académie de France à Rome, bien que n’ayant jamais été pensionnaire. Son expérience de l’Italie plaide en sa faveur. Il est nommé en 1841 et conserve ce poste jusqu’en 1846. Il le retrouve une seconde fois entre 1853 et 1866, date à laquelle lui succède Joseph-Nicolas Robert-Fleury.
Au début de son directorat, Jean-Victor Schnetz fait plusieurs réclamations d’ordre budgétaire, à la suite de celles portées par Dominique Ingres, auprès du directeur des Beaux-arts Cavé, alors que la vie à Rome est devenue toujours plus chère, que le nombre des pensionnaires a grandi avec l’arrivée des graveurs en taille douce, les musiciens et les peintres paysagistes, et que le prix des modèles a doublé. Une commission pour évaluer les besoins de l’Académie est nommée et Schnetz est écouté : les pensions mensuelles sont augmentées, des emprunts sont faits auprès des banquiers et les avances ne sont plus à la charge du directeur. Une autre réforme concerne le voyage en Grèce pour les pensionnaires architectes en 3e année pour une période de 4 mois. Cette mesure adoptée en 1845 est probablement à l’origine de la création fin 1846 de l’École française d’Athènes. Les architectes Titeux et Paccard sont les premiers à bénéficier de cette mesure. Malheureusement Philippe Titeux meurt à Athènes en février 1846 (20190056/1).
Le directorat de Jean-Victor Schnetz est marqué par plusieurs événements comme la visite du duc d’Aumale en 1843, première visite d’un prince royal à la Villa Médicis ; ou la venue du secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts Raoul-Rochette ce qui fut pour lui l’occasion de féliciter le zèle des artistes pensionnaires et de mieux défendre l’Académie de France à Rome auprès du ministère de l’Intérieur.
Avant de quitter son poste Jean-Victor Schnetz reçoit la première promotion des élèves de l’École française d’Athènes le 14 février 1847.
Aux dires des pensionnaires, Jean-Victor Schnetz est aimé et respecté des pensionnaires. Il exerce une influence considérable sur ces derniers en les incitant à peindre d’après nature et non d’après les modèles en plâtre et leur obtient des autorisations pour aller dessiner dans les quartiers gitans de Rome.
Pendant son directorat, Jean-Victor Schnetz trouve le temps de s’adonner à la peinture. Son originalité réside dans l’introduction dans la peinture d’histoire des types et des mœurs de l’Italie de son époque, modernisant par là la peinture d’histoire.
Enfin, sous son directorat, des travaux notables sont menés sur les conduites de la Villa Médicis pour la mise en place d’un nouveau système d’alimentation en eau de la Villa provenant de l’Aqua Felice et ainsi améliorer l’état sanitaire de ses occupants (20190056/1 et 20190056/4). Les autres grands chantiers concernent la construction du mur de clôture entre la Villa Médicis et les jardins du Pincio (20190056/7) et l’aménagement du pavillon San Gaetano (20190056/7). En août 1841, la Villa Médicis est déclarée « Monument d’intérêt général » ; son entretien est désormais à la charge du département des Travaux publics (20190056/1).
Les titres des documents ou dossiers sont repris strictement.
L’expression « vrac bibliothèque. 1er/08/2004 » désigne des lots de pièces d’archives retrouvés à la bibliothèque de la Villa Médicis et mis à la suite des documents précédemment classés et foliotés.

Académie de France à Rome

Directorat de Jean Alaux (1847-1852)

  • FR ISNI 0000 0001 2158 9529 20190152
  • Fonds
  • 1840 - 1853

Jean Alaux (Bordeaux 1786-Paris 1864) débute à l’École des beaux-arts de Bordeaux où il est l’élève de Pierre Lacour, avant d’être admis à l’École des beaux-arts de Paris où il devient l’élève de Pierre-Narcisse Guérin et condisciple d’Horace Vernet. Il obtient le premier prix de Rome en 1815 avec Briséis pleurant le corps de Patrocle dans la tente d’Achille. et séjourne comme pensionnaire à la Villa Médicis de 1817 à 1821 où il se lie d’amitié avec Ingres.
Peintre d’Histoire, il bénéficie d’une large reconnaissance artistique et institutionnelle. Il expose au Salon de Paris à partir de 1824, et y obtient une médaille de 1re classe dès sa première participation. Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1828, il est promu officier du même ordre en 1841. Directeur de l’Académie de France à Rome de 1847 à 1852, il est élu membre de l’Académie des beaux-arts en 1851.
Sous la monarchie de Juillet, Jean Alaux devient le peintre favori de Louis-Philippe. Ce dernier lui confie l’entière décoration de la Salle des Généraux du château de Versailles. Il participe également à la décoration de la galerie des Batailles pour laquelle il peint La Bataille de Villaciosa (1836), La Prise de Valenciennes (1837) et La Bataille de Denain (1839). En 1854, Napoléon III le choisit pour la décoration de la grande coupole du Palais du Sénat. Il se voit également confier la restauration des fresques du Rosso dans la Galerie François Ier au château de Fontainebleau en 1858, ainsi que celles du Primatice de la Galerie Henri II.
Le directorat de Jean Alaux à l’Académie de France à Rome fut marqué par les grands bouleversements politiques qui touchèrent à la fois l’Italie et la France. Il dut rendre des comptes à pas moins de 14 ministres de l’Intérieur et 12 ministres des Travaux publics.
Son élection reste mystérieuse faute d’archives.
En 1848, Jean Alaux choisit de suite le parti de la République et rebaptise l’Académie « École de France à Rome », puis, après le coup d’État du 2 novembre 1852, il s’empressa d’inscrire « Académie impériale de France », de replacer le buste de Napoléon Ier et de faire dégager l’inscription « à Napoléon les arts reconnaissants » qui avait été recouverte de plâtre sous la Restauration. En novembre 1848, alors qu’il n’y a plus de représentation diplomatique française à Rome, les républicains s’emparent de la ville. Le 2 mai 1849, alors que Jean Alaux a accueilli cent cinquante de ses compatriotes à la Villa, les triumvirs décident d’occuper celle-ci. D’abord réfugiés au palais Colonna, Jean Alaux et les pensionnaires quittent Rome le 6 mai pour se réfugier à Florence, ne revenir que le 12 juillet et retrouver ateliers et jardins dévastés (cf. 20190152/1) ce qui nécessitat des travaux de restauration très importants et coûteux (cf. 20190152/4, 20190152/5, 20190152/6). Son courage durant les événements lui valurent son élection à l’Académie des beaux-arts en février 1851. Jean Alaux dut se débattre à la suite avec des difficultés de paiement sans cesse renouvelés, et des problèmes financiers liés à la restauration de la Villa Médicis. Les rapports que Jean Alaux entretint avec son ministère de tutelle furent strictement financiers. Seule l’archéologie suscita vraiment l’attention des pouvoirs publics français. La cour des Comptes se montra particulièrement tatillonne, comme le furent également le ministre de l’Intérieur, et celui des Travaux publics.
Durant son mandat, plusieurs décès furent à déplorer : tout d’abord le pensionnaire Maréchal, puis le sculpteur Roguet. L’architecte de l’Académie, Giuseppe Marini, mourut en juin 1850 et fut remplacé en urgence par un membre de l’Académie de Saint-Luc, Luigi Poletti. En 1850 encore, l’Académie lui envoya un pensionnaire supplémentaire, Bouguereau (cf. 20190152/1), et un rapport sur les envois des pensionnaires que Jean Alaux jugea très dur et contre lequel il s’éleva.
Durant son directorat, la bibliothèque de la Villa s’enrichit de nouveau et gagna le grand salon en 1851 (cf. 20190152/8). Les pensionnaires architectes Tétaz, Garnier et Desbuisson partirent en Grèce, Boulanger fut chargé de la copie du Festin des dieux de la Farnésine pour les Gobelins (cf. 20190152/1), le transport des envois annuels devint réellement problématique (cf. 20190152/1), le muro torto fut réparé et une pompe à incendie fut obtenue du ministère (cf. 20190152/1).
Son successeur -et prédécesseur- Jean-Victor Schnetz, lui succéda début 1853.
Comme pour les directorats précédents, le contenu du fonds Jean Alaux comprends une correspondance abondante entre le directeur et ses tutelles (ministère de l’Intérieur et Académie des beaux-arts), ainsi que de très nombreuses pièces comptables qui permettent un suivi fin de la vie quotidienne à l’Académie de France à Rome, des travaux effectués à la Villa Médicis, de l’entretien des espaces, de l’état de santé des pensionnaires et du coût de la vie à Rome.
Quelques courriers et pièces de correspondance adressés à Victor Schnetz ou produits par ce dernier ont été intégrés dans ce directorat, probablement du temps de Jean Alaux (cf. 20190152/1, 20190152/3).
Les titres des documents sont mis entre guillemets et sont scrupuleusement retranscrits.

Alaux, Jean

Directorat de Joseph-Benoît Suvée (1792-1807)

  • FR ISNI 0000 0001 2158 9529 20170113
  • Fonds
  • 1748 - 1946

Joseph-Benoît Suvée, né le 3 janvier 1743 à Bruges, et mort le 9 février 1807 à Rome, est
pensionnaire après avoir obtenu le premier prix de l’Académie de peinture en 1771, puis
académicien en 1780, et professeur à l’École des Beaux-arts de Paris en 1792. Il est nommé,
le 20 novembre 1792, directeur de l’Académie de France à Rome, en remplacement de
François-Guillaume Ménageot, mais il est suspendu dès le 25 novembre à la suite d’une
intervention du peintre David à la Convention nationale qui vise à supprimer le poste de
directeur de l’Académie de France à Rome. Les pensionnaires quittent alors Rome
pour Naples, pour Florence ou pour la France. Pendant la Terreur, Suvée fut arrêté en 1794,
puis détenu à la prison de Saint-Lazare.
Joseph-Benoît Suvée est confirmé directeur en 1795. Entre 1795 et 1801, il lutte à Paris pour
rétablir l’institution ; il constitue la collection des moulages et forme le noyau de la
bibliothèque. C’est lui qui a la responsabilité du transfert du siège de l’Académie du palais
Mancini, à la Villa Médicis située sur le Pincio.
Joseph-Benoît Suvée écrit d’abondance. Il est un directeur attaché à l’ordre et se référant aux
pratiques de l’Ancien Régime. Ses lettres sont pleines d’emphase, et portent le plus souvent
des plaintes. Mais avant tout, Suvée se révèle tenace, soucieux de rétablir l’Académie de
France. Il se montre dévoué envers les pensionnaires dont il défend les intérêts vivement.
Il meurt brutalement le 9 février 1807, dans son bureau.
Pierre-Adrien Pâris est alors nommé directeur par intérim, soutenu par Charles-Marie Alquier
(20170113/12).
Fils du géomètre Pierre-François Pâris, Pierre-Adrien Pâris naît à Besançon le 25 octobre

  1. En 1760, Pâris rejoint son oncle Jean-Baptiste Lefaivre, maître-maçon et entrepreneur, à
    Paris, puis il entre dans l’atelier de l’architecte Louis-François Trouard. Il devient élève de
    l’Académie royale d’Architecture en 1764 où il suit l’enseignement de Jacques-François
    Blondel. Dès 1765 et jusqu’en 1769, Pâris se présente au Grand Prix d’architecture sans
    jamais l’emporter. Trouard demande au marquis de Marigny une place à l’Académie de
    France à Rome pour son élève ; Pâris arrive à Rome le 27 octobre 1771 et devient
    officiellement pensionnaire de l’Académie l’année suivante. Il en profite pour réaliser de
    nombreuses études de monuments antiques. Il a également l’occasion d’enseigner
    l’architecture à Francesco Piranesi, fils du grand Piranèse et de voyager dans le sud de l’Italie
    où il visite Paestum, Pompéi et Herculanum.
    À son retour d’Italie, il obtient de nombreux projets de la noblesse et devient membre de
    l’Académie d’Architecture. Fait chevalier de l’ordre de Saint-Michel, il reçoit ses lettres de
    noblesse en 1789 et travaille au projet et l’aménagement de la salle de l’Assemblée des Étatsgénéraux
    dans l’hôtel des Menus Plaisirs à Versailles. En octobre 1789, Pâris devient
    architecte de l’Assemblée nationale. Son poste de dessinateur de la Chambre et du Cabinet du
    Roi supprimé fin décembre 1792, il se réfugie à Vaucluse (Doubs) pendant la Terreur. Pendant
    la dernière période de sa vie, Pâris effectue un troisième séjour à Rome en 1806. Parmi ses
    activités, il assure en 1807 le directorat par intérim de l’Académie de France à Rome, devient
    membre de l’Académie de San Luca et retourne visiter les villes antiques du sud de l’Italie.
    Entre 1808 et 1809, il organise l’enlèvement et le transport des antiquités de la Villa Borghèse
    vers le Louvre pour le compte de Napoléon. Il est enfin chargé de diriger les fouilles du
    Colisée à partir de 1811. De retour en France en 1817, il meurt à Besançon en 1819.
    Durant le directorat de Suvée, le climat politique et social est complexe et tendu en Italie, et
    tout particulièrement à Rome. D’importants personnages politiques apparaissent fréquemment
    dans les documents de ce fonds d’archives, soulignant par là le rôle une fois encore majeur de
    l’Académie dans les relations entre la France, les États pontificaux et les princes italiens. Les
    représentants de l’État français à Rome, comme Léon Dufourny, nommé en 1801
    Commissaire du gouvernement pour la récupération et la conservation des objets d'art en
    Italie, les ministres plénipotentiaires François Cacault, le cardinal Fesch ou Charles-Marie
    Alquier, entretiennent des relations fréquentes avec le directeur de l’Académie. De même, le
    général Henri-Jacques-Guillaume Clarke envoyé par le premier Consul comme ministre
    plénipotentiaire auprès du prince de Parme, nouvellement nommé roi d’Étrurie, va-t-il
    participer à l’échange délicat entre le palais Mancini et la Villa Médicis.
    Le contrôle administratif et artistique sur l’Académie présente un même degré de complexité.
    Le ministère de l’Intérieur, après 1792, dans la nouvelle organisation du gouvernement
    recueille la plupart des attributions de l’ancienne maison du roi et à ce titre assure la tutelle
    sur l’AFR. Un bureau des Beaux-arts est créé par la suite, rattaché à l’Instruction publique ;
    mais au cours du XIXe siècle, ce bureau ne cessa de dépendre de services différents rendant
    complexe l’étude des archives. La tutelle artistique est assurée par la classe des Beaux-arts de
    l’Institut. À Rome, l’ambassadeur est son principal interlocuteur. De 1795 à 1807, six
    ministres occupent successivement le poste de l’Intérieur : Bénézech, François de
    Neufchâteau, Letourneux, Lucien Bonaparte, Chaptal et Champagny. Parmi les fonctionnaires
    en charge du suivi de l’Académie, nous retrouvons le chef de la 5e division du ministère de
    l’Intérieur Pierre-Louis Ginguené, ami de Suvée. À l’Institut, le correspondant de Suvée est le
    secrétaire perpétuel de la classe des Beaux-arts, Joachim Le Breton, également ami de Suvée.
    Si l’on s’en tient aux textes législatifs, l’Académie de France à Rome n’a pas cessé d’exister.
    À la suppression du poste de directeur, les pensionnaires sont placés sous l’autorité du représentant de la France à Rome, cependant l’émeute du 13 janvier 1793 entraîne la
    fermeture de l’Académie et la dispersion des pensionnaires. L’existence de l’Académie ne
    semble pourtant pas être remise en question, malgré les doutes de François Cacault sur son
    utilité.
    Le déménagement de l’Académie à la Villa Médicis est dicté par plusieurs raisons. Tout
    d’abord, le palais Mancini, est ruiné et abandonné sans entretien depuis des années. Les frais
    de restauration sont coûteux (cf 20170113/11, 20170113/12), il souffre d’un manque de place
    pour les ateliers et son emplacement est bruyant et agité. Les pensionnaires ont besoin de bon
    air et de tranquillité (cf. 20170113/12) ; toutefois les dossiers concernant le décès de
    pensionnaires, comme Harriet, Gaudar ou Androt (20170113/3, 20170113/4) durant leur
    séjour à Rome sont assez nombreux. La Villa est propriété de la Toscane depuis que
    Ferdinand de Médicis avait acheté le terrain et fait agrandir la Villa. Elle est le rendez-vous
    des artistes qui viennent y dessiner les jardins. L’entretien du bâtiment est un poids et à la fin
    du XVIIIe siècle, la famille de Lorraine, héritière des Médicis décide de se débarrasser de la
    Villa Médicis. L’acquisition sous la forme d’un échange est décidée en 1798. Il est certain que
    la Toscane y perdait au change, et à la chute de l’Empire, elle essaya, mais en vain, de revenir
    sur cet échange. La France démontra que cette prétention n’avait pas de fondement en droit
    (cf. 20170113/1, fol. 100 à 104). Les crédits alloués à l’Académie, du fait de son installation à
    la Villa Médicis sont nettement supérieurs à ceux accordés par l’Ancien Régime.
    L’administration verse l’argent à un banquier parisien, Récamier, puis Perregaux, et celui-ci
    crédite son correspondant à Rome, Lavaggi pour Récamier, et Torlonia pour Perregaux, lequel
    verse l’argent au directeur de l’Académie, moyennant des quittances mensuelles. Qui étaient
    transmises à Paris. Le directeur rend compte de ses dépenses une fois par trimestre, puis à
    partir de 1806, une fois par an. L’arrivée des fonds est souvent irrégulière.
    Pour conclure, les documents rassemblés dans le fonds du directorat Suvée illustrent un
    moment déterminant dans l’histoire de l’Académie de France à Rome : l’installation de
    l’Académie à la Villa Médicis après le difficile échange de cette dernière avec le palais
    Mancini, l’aménagement de la Villa, la réorganisation de l’institution, le retour des
    pensionnaires à Rome, le suivi des travaux des pensionnaires avant et après leur retour à
    Rome. Joseph-Benoît Suvée prend une part très active à ce chantier, allant jusqu’à réfléchir à
    la réalisation d’un uniforme pour les pensionnaires (cf 20170113/3) dont la collection des arts
    graphiques réunie aujourd’hui à la bibliothèque de la Villa Médicis conserve un joli dessin.
    Les plans sont nombreux, destinés à justifier les acquisitions, occupations et cessions de
    terrains ; les textes réglementaires et inventaires du mobilier et des collections témoignent
    d’une administration scrupuleuse qui observe les formes.
    Des quittances et mémoires de travaux apportent la preuve d’une volonté de restaurer le palais
    Mancini, situé sur la via del Corso, qui abrita entre 1725 et 1793 l’Académie, puis fut
    incendié lors des émeutes anti-françaises en 1793, et enfin occupé et pillé en 1799. Ce n’est
    qu’en 1796 que le Directoire entreprend de restaurer le palais Mancini.
    Pour un grand nombre de pièces d’archives administratives, il existe à la fois la minute,
    l’expédition et une ou plusieurs copies.
    Sur le revers de nombreuses lettres, Joseph-Benoît Suvée rédige le brouillon de la réponse, ou
    recopie plusieurs courriers, afin de réduire les dépenses de papier (cf les courriers de
    2017113/2 et 20170113/3 tout particulièrement).
    Il est notable qu’aucun papier personnel de Suvée, hormis son diplôme et son acte de
    nomination n’apparaît dans les dossiers.
    Quelques pièces comptables produites sous l’intérim de Pierre-Adrien Pâris se trouvent dans
    les cartons 7, 8 et 9 (20170113/7, 20170113/8, 20170113/9). Cependant le carton 12
    (20170113/12) renferme uniquement les documents produits durant l’intérim de Pierre-Adrien
    Pâris. Son intérim dure moins d’un an, avant que Guillaume Guillon Lethières ne soit nommé
    directeur de l’Académie de France à Rome.
    L’essentiel des pièces d’archives produites durant son intérim concerne les travaux menés à la
    villa Médicis, et le fonctionnement courant de l’Académie. Toutefois de nombreuses lettres
    échangées avec Charles-Jean-Marie Alquier, ambassadeur de France à Rome, montre l’amitié
    qui unit ces deux hommes et la protection qu’accorde l’ambassadeur au directeur.
    Les titres des documents ont été scrupuleusement retranscrits à l’identique.
    Les pièces constitutives du fonds Suvée ont été souvent citées dans des publications
    scientifiques sous leur ancienne cote. C’est la raison pour laquelle cette dernière est indiquée
    dans la description des articles et que l’ordre des documents a été repris tel que trouvé dans
    les liasses afin de respecter le foliotage.
    Dans chaque carton, les feuillets des documents ont été foliotés ou paginés depuis de longues
    années. Cependant, les règles de foliotage montrent des pratiques sensiblement différentes
    d’un carton à l’autre, voire dans un même carton. Les liasses présentent très fréquemment
    l’utilisation de pochettes et sous-pochettes formées par des pièces d’archives contemporaines
    des autres documents. Ces derniers sont souvent « emboîtés » les uns dans les autres, avec un
    foliotage continu, d’une page à l’autre, sans que soit pris en compte la matérialité de chaque
    pièce. Ces « assemblages » ont été conservés afin de respecter le classement initial des
    documents qui semble avoir été celui de Joseph-Benoît Suvée, comme l’attestent de
    nombreuses pochettes constituées à partir de feuillets du Bulletin de la Grande Armée
    réutilisées, portant des intitulés de la main de Joseph-Benoît Suvée et parfois un numéro
    d’ordre (cf 20170113/5, 20170113/8, 20170113/9).
    Des ficelles utilisées pour associer des documents ont parfois été retirées pour des raisons de
    conservation et pour en faciliter la consultation (cf 20170113/11).

Académie de France à Rome

Premier directorat d’Ernest Hébert (1867-1872)

  • FR ISNI 0000 0001 2158 9529 FR ISNI 0000 0001 2158 9529 20210377
  • Fonds
  • 1846 - 1876

Dauphinois d’origine, cousin de Stendhal, Ernest Hébert (1817-1908) se forme seul à la peinture, recevant les conseils de Benjamin Rolland, de David d’Angers et de Paul Delaroche. En 1839, il obtient un grand succès au Salon avec Le Tasse en prison. Il entre à l’École des beaux-arts de Paris et reçoit le prix de Rome en peinture en 1839. Il peint essentiellement la campagne romaine avec beaucoup de luminosité. À son retour en France, il devient un peintre renommé du Second Empire. Il exécute de nombreux portraits et bâtît une grande partie de son œuvre en puisant dans les souvenirs de ses séjours italiens.
Il est pensionnaire de la Villa Médicis de 1840 à 1844, puis, succédant à Joseph-Nicolas Robert-Fleury, directeur de l’Académie de France à Rome de 1867 à 1873. De retour en France, il est nommé professeur à l’École des beaux-arts de Paris de 1882 à 1885. Il assure un second directorat à l’Académie de France à Rome de 1885 à 1891.
Les pièces d’archives associées aux cartons de son directorat contiennent de nombreuses pièces en relation avec le directorat précédent de Robert-Fleury et le directorat suivant de Lepneveu (1873-1878), phénomène constaté à de nombreuses reprises dans les archives de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis. Nous retrouvons, également, une organisation similaire aux directeurs qui l’ont précédé : de la correspondance – pour l’essentiel avec le directeur et la Maison de l’Empereur sous la tutelle de laquelle se trouve l’Académie de France à Rome, avec la direction des Bâtiments civils pour l’entretien de la Villa Médicis, puis avec la direction des Beaux-arts attachée au ministère de l’Instruction publique et des Cultes après la chute de l’Empire -, puis les tableaux de suivi des Envois des pensionnaires, et enfin les très nombreux devis, factures et quittances qui offrent aux chercheurs un tableau d’une très grande précision du fonctionnement de l’Académie de France à Rome dans les murs de la Villa Médicis.
La rigueur du suivi financier et comptable est toujours d’actualit ; les élèves de l’École française d’Athènes, nouvellement nommés, rejoignent la Villa Médicis, comme il en a été décidé sous le premier directorat de Victor Schnetz (Lablache en 1867, Mamet en 1868, Ruel en 1871, 20210377/1). Nous observons également une permanence notable des artisans qui œuvrent pour l’Académie depuis plusieurs directorats : les mouleurs Malpieri, les serruriers Giovanni et Paolo Concience, le menuisier Antonio Cassetta, ou le marchand de bougies Barberi. Parmi le personnel de la Villa, Alexis Le Go en est toujours le secrétaire depuis le directorat de Dominique Ingres, et Enneo Viscont assure toujours les cours d’archéologie aux pensionnaires. En revanche, nous notons le décès en 1869 de l’architecte de la Villa Luigi Poletti, en charge des travaux depuis 1850, remplacé par Benedetto ou Vespignani. L’Académie déplore également les décès de deux pensionnaires, Deschamps et Wintzweiller, avant que ne s’achèvent leurs pensionnats, et enregistre la démission du pensionnaire Caudou qui refuse de retourner à Rome.
Le directorat d’Ernest Hébert est marqué par la chute du Second Empire ; pour autant les pièces d’archives ne montrent aucun changement notable dans la vie quotidienne des pensionnaires, ni dans le fonctionnement au quotidien de la Villa Médicis. L’arrivée des nouveaux pensionnaires en 1870 et 1871 et leurs Envois ne semblent pas avoir été entravés ; le directorat d’Ernest Hébert semble s’achever sans heurt en 1872.

Académie de France à Rome

Directorat de Pierre-Narcisse Guérin (1823-1828)

  • FR ISNI 0000 0001 2158 9529 20180402
  • Fonds
  • 1823 - 1829

Premier prix de Rome en 1797, le peintre Pierre-Narcisse Guérin (Paris, 1774-Rome, 1833) devient membre de l’Académie des Beaux-arts en 1815, puis est nommé vice-président en 1821, et enfin président en 1822. Il est à plusieurs reprises rapporteur sur les envois de Rome en peinture, et enseigne à l’École des beaux-arts de Paris à compter de 1816. Il est nommé directeur de l’Académie de France à Rome par arrêté du 10 avril 1822, alors qu’il en avait décliné auparavant la proposition du roi Louis XVIII pour succéder à Guillon-Lethière en 1816. Il prend la suite, dans ce poste, à Charles Thévenin. Arrivé à Rome le 21 novembre 1822, pour occuper ses fonctions au 1er janvier 1823, ce directeur à la santé fragile reste à la Villa Médicis jusqu’au mois d’août 1829. Le remplace à l’Académie, le peintre Horace Vernet.
Son action à la Villa Médicis est double, comme le prouve la correspondance et les comptes : veiller à l’entretien du bâtiment et au bon fonctionnement de l’établissement ; guider les pensionnaires et obtenir qu’ils obéissent au règlement. À sa prise de fonction, Pierre-Narcisse Guérin déplore un déficit considérable, et malgré ses efforts d’économie, la dotation accordée à la Villa Médicis est à peine suffisante tout aulong de son directorat.
Les comptes (20180402/2-20180402/4) montrent les travaux constants dont bénéficient la Villa : renforcement du mur de soutènement de la terrasse, menuiserie, serrurerie, vitrerie… Les artisans semblent être sans cesse à l’œuvre. L’aménagement des intérieurs, accompagné d’une recherche de confort, est confirmé par l’acquisition de mobilier et de vaisselle. Quant à la fourniture des biens de consommation courante (huile, sucre…), la présence des domestiques (cuisinier, femme de charge, concierges, jardiniers), les besoins très fréquents d’interventions de médecins et d’apothicaires, ils témoignent de la vie quotidienne de cette petite communauté installé sur le Pincio.
Le suivi des pensionnaires occupe une large place dans l’activité du directeur Guérin : l’accueil annuel des Grands prix, mais aussi les retours en France, l’exigence sans cesse rappelée de la remise régulière des travaux pour les envois, l’organisation de l’exposition annuelle, l’organisation des voyages des pensionnaires à travers l’Italie, l’enrichissement de la bibliothèque, les besoins en matériaux et en outils (marbre de Carrare, toile, plâtre, peinture, échelle, caisses...) et la production de nombreux moulages. Toutefois ce directorat reste également très marqué par l’implication de certains des pensionnaires dans les fouilles, relevés et restaurations réalisés sur les forum (20180402/1), le portique d’Octavie, la colonne Trajane, au point que ces pensionnaires réclament que soit reconnus comme travaux pour les envois ces productions. Les pensionnaires architectes y sont particulièrement impliqués (20180402/4).
Enfin, l’étude des archives du fonds Guérin est révélateur des arcanes de l’administration romaine et de la forte présence de l’administration française. Elle est sur ce point un témoignage très vivant des relations qu’entretient la France, via son Académie, avec le pouvoir en place, et son souci de représentation à Rome (l’illumination de la Villa pour la fête du roi). Les nombreuses demandes d’autorisation auprès du Vatican sont révélatrices de ce fait, tout comme les échanges abondants de courriers entre Guérin et Quatremère de Quincy, alors secrétaire perpétue de l’Académie des Beaux-arts.

Les titres des documents de ce fonds d’archives ont été scrupuleusement retranscrits à l’identique.
Les pièces constitutives du fonds Guérin ont été souvent citées dans des publications scientifiques sous leur ancienne cote (numéro du carton de conservation et numéro de folio), tout particulièrement dans Correspondance des directeurs de l’Académie de France à Rome. Pierre-Narcisse Guérin (1823-1828). C’est la raison pour laquelle cette dernière est indiquée dans la description des articles et que l’ordre des documents a été repris tel que trouvé dans les liasses afin de respecter le foliotage.
Dans chaque carton, les feuillets des documents ont été foliotés ou paginés depuis de longues années. Cependant, les règles de foliotage montrent des pratiques sensiblement différentes d’un carton à l’autre, voire dans un même carton. Les liasses présentent très fréquemment l’utilisation de pochettes et sous-pochettes formées par des pièces d’archives contemporaines des autres documents. Ces derniers sont souvent « emboîtés » les uns dans les autres, avec un foliotage continu, d’une page à l’autre, sans que soit pris en compte la matérialité de chaque pièce. Ces « assemblages » ont été conservés afin de respecter le classement initial, probablement institué par le directeur de l’Académie de France à Rome.

Académie de France à Rome

Directorat de Jean Auguste Dominique Ingres (1835-1840)

  • FR ISNI 0000 0001 2158 9529 20180612
  • Fonds
  • 1834 - 1847

Après un premier apprentissage à Montauban, sa ville natale, il devient à Paris élève de Jacques-Louis David. Prix de Rome en 1801, il ne se rend en Italie qu’en 1806, et y reste jusqu’en 1824. De retour à Paris, il connaît la reconnaissance officielle, apparaissant comme le champion de la doctrine du beau et de la primauté du dessin sur la couleur, en opposition successive aux courants romantiques et réalistes. Il se marie en 1813 avec Madeleine Chapelle (1782-1849), une jeune modiste. Nommé directeur de l’Académie de France à Rome, il retourna de 1835 à 1842, avec sa femme, dans la Ville éternelle, et ne revint jamais à Paris durant son directorat. Son élection, à l’âge de 52 ans, au poste de directeur de l’Académie de France à Rome ne fut pas aisée, compte tenu des nombreux autres prétendants comme Garnier, Granet, Bosio ou Schnetz. Son nom ne s’imposa qu’après 9 scrutins, et l’arrêté fut signé le 5 juillet 1834. Ingres en fut piqué au vif.
Le directorat de Dominique Ingres fut marqué par des relations difficiles entre l’Académie et l’administration romaine, peu francophile à l’époque, et la supérieure du couvent de la Trinité des Monts, peu respectueuse envers ce directeur.
Jamais l’Académie de France à Rome ne reçut autant d’argent, tant pour son budget général que pour la réalisation de moulages et copies destinés à l’École des beaux-arts et que pour les travaux entrepris à la Villa. Il suffit de considérer les sommes allouées aux frères Balze pour ls copies des Loges et des Stanze de Raphaël, qu’Ingres suivit avec beaucoup d’attention (cf ; 20180612/8). L’administration matérielle de l’Académie semble reposer entièrement sur madame Ingres et sur Le Go, alors que le directeur est très occupé par ses propres œuvres : l’achèvement de l’Odalisque à l’esclave, la Stratonice et l’ébauche de la Vierge à l’hostie.
En ce qui concerne les travaux menés sur les bâtiments de la Villa Médicis, les restaurations portent sur une galerie d’architecture, sur le portique et sur les consolidations de la terrasse bordant le jardin, ainsi que sur les appartements du directeur (cf. 20180612/3). Les sommes allouées en 1838 sont très importantes, et pourtant Ingres en réclame le double, probablement à la suite des plaintes des pensionnaires qui reprochent à Ingres que les travaux n’aient pas amélioré leurs chambres et leurs ateliers. Ingres entreprit également durant son séjour de dégager des perspectives en coupant des arbres centenaires et en détruisant certains ateliers, comme celui de Simart, ce qui lui fut également reproché.
C’est durant le directorat d’Ingres que fut un changement du statut comptable pour le paiement des factures et des quittances (cf. 20180612/1). Désormais, à la demande de la Cour des comptes, l’Académie de France à Rome passât à un régime de régie directe. Quittances et factures étaient payées directement par le ministère ; seuls les frais de fonctionnement étaient toujours payés par la banque Torlonia, qui recevait dès lors les ordonnances de paiement une fois par trimestre et non une fois par an, ce qui engendra une hausse des frais de change.
Les relations d’Ingres envers l’Académie des beaux-arts, et avec ses secrétaires perpétuels, Quatremère de Quincy, puis Raoul-Rochette, sont d’une grande déférence comme l’indique la correspondance officielle. Pourtant cette dernière reprocha au directeur son désintérêt pour les travaux des pensionnaires, et Quatremère dut rappeler au directeur sa mission. Nous retrouvons également trace d’une correspondance avec les différents présidents de l’Académie. C’est ainsi qu’en 1837, Lebas s’inquiète de la santé du directeur Ingres et des pensionnaires durant l’épidémie de choléra.
Quant aux relations qu’entretint Ingres avec les pensionnaires, elles se montrèrent souvent contradictoires. Sous son directorat, jamais les pensionnaires ne furent autant souffrants. L’épidémie de choléra, qui entraîna la mort de Sigalon en 1837, en fut le point d’orgue et désorganisa un temps les envois (cf. 20180612/1). Ces maladies occasionnèrent des absences fréquentes et des rapatriements en nombre, alors que les pensionnaires continuaient à percevoir leur pension. L’autre problème fut le mariage de certains d’entre eux, comme celui de Baltard, obligés alors de vivre hors des murs de la Villa. Dans un premier temps, Ingres exigea d’eux de rejoindre la Villa, avant de plaider leur cause auprès du ministre de l’Intérieur et de Quatremère de Quincy (20180612/1). Enfin, il est organisé un enseignement de l’archéologie à l’Académie de France à Rome (cf. 20180612/1).
Ingres se montra satisfaits de ses pensionnaires et les soutint régulièrement. Pour autant, l’Académie des beaux-arts, elle, manifesta sa réprobation devant l’absence des envois des travaux obligatoires, tels que les copies d’après le modèle vivant ou d’après l’antique, pour les peintres, graveurs et sculpteurs. Les pensionnaires se virent alors menacés d’une saisie de leur pension. Les travaux de restauration des pensionnaires architectes entraînèrent en revanche l’adhésion de l’Académie. Les envois restèrent, dans tous les cas et comme pour les directorats précédents, un sujet de préoccupation majeure, comme le montre la réalisation des caisses par les menuisiers (cf. 20180612/8).
Les titres des documents portés sur les pochettes de ce fonds d’archives ont été scrupuleusement retranscrits à l’identique.
Les pièces constitutives du fonds Ingres ont été souvent citées dans des publications scientifiques sous leur ancienne cote (numéro du carton de conservation et numéro de folio), tout particulièrement dans Correspondance des directeurs de l’Académie de France à Rome. Jean-Auguste-Dominique Ingres 1835-1841. C’est la raison pour laquelle cette dernière est indiquée dans la description des articles et que l’ordre des documents a été repris tel que trouvé dans les liasses afin de respecter le foliotage.
Dans chaque carton, les feuillets des documents ont été foliotés ou paginés depuis de longues années. Cependant, les règles de foliotage montrent des pratiques sensiblement différentes d’un carton à l’autre, voire dans un même carton. Les liasses présentent très fréquemment l’utilisation de pochettes et sous-pochettes formées par des pièces d’archives contemporaines des autres documents. Ces derniers sont souvent « emboîtés » les uns dans les autres, avec un foliotage continu, d’une page à l’autre, sans que soit pris en compte la matérialité de chaque pièce. Ces « assemblages » ont été conservés afin de respecter le classement initial, probablement institué par le directeur de l’Académie de France à Rome.
La typologie des documents est pour l’essentiel de deux ordres : des courriers et des pièces comptables, souvent mêlés dans l’article 20180612/1.

Académie de France à Rome

Directorat d'Horace Vernet (1829-1834)

  • FR ISNI 0000 0001 2158 9529 20180611
  • Fonds
  • 1828 - 1841

Horace Vernet, né le 30 juin 1789 à Pariset mort le 17 janvier 1863 à Paris, est un peintre français. Il eut pour père, le peintre Charles-Horace Vernet (1758-1836) qui fut pensionnaire à l’Académie de France à Rome entre 1782 et 1783, et pour grands-pères Claude Joseph Vernet et de Jean-Michel Moreau. Horace Vernet intégra l’atelier du peintre François-André Vincent à l’École des beaux-arts de Paris et se fit connaître grâce à ses peintures de bataille.
Alors qu’Horace Vernet est membre de l’Académie royale des beaux-arts depuis 1826, sa nomination à l’Académie de France à Rome en août 1828 intervient sans heurt ; il succède ainsi à Pierre-Narcisse Guéri. Il arrive à Rome le 18 janvier 1829, accompagné de sa femme, Louise, sa fille, Élisabeth-Louise, et son père Carle. Il instaure, dès son arrivée à la Villa Médicis une vie brillante, avec fêtes et réceptions. Les nombreuses dépenses attirent les remarques des ministres de l’Intérieur successifs, à la suite des traites tirées à la banque Torlonia et aux agios. Le personnel domestique est renouvelé et augmenté (cf. 20180611/1). Les appartements du directeur sont redécorés (cf. 20180611/2), et l’un des deux belvédères de la Villa se voit réaménagé en « chambre turque » (camera alla turca). De nombreux travaux sont mis à l’étude : réfection du piazzale et des studios des pensionnaires (cf. 20180661/1). Il est à noter que le directorat d’Horace Vernet est marqué par l’affaire des terrains du Orto di Napoli que l’Académie souhaitait récupérer contre l’avis de Serny, contentieux locatif auquel la Chambre apostolique it fin au profit de l’Académie (cf. 20180611/3).
Les relations avec les autorités romaines sont sans difficulté. Le cardinal Tommaso Bernetti ne s’oppose pas à l’entrée des pensionnaires au Vatican, il en est de même du secrétaire de l’Académie pontificale d’archéologie, Luigi Griffi, pour les pensionnaires architectes. Celles avec Paris, sont parfois plus chaotiques. Si le ministère se montre souvent complaisant envers Horace Vernet et lui accorde de revenir plusieurs fois à Paris, de séjourner à la cour de Turin, et de s’embarquer en mars 1833 pour l’Algérie, l’Académie royale des beaux-arts fait preuve de relations plus tendues avec le directeur. Le premier sujet de discorde concerne la nomination du secrétaire bibliothécaire qui succède à André Lemonnier, démissionnaire en 1831. Le deuxième point de tension naît de la volonté d’Horace Vernet d’autoriser les pensionnaires architectes à voyager dès les trois premières années (cf. 20180611/1). Enfin, le projet de réforme des trois institutions placées sous le contrôle de l’Académie des beaux-arts (l’École des beaux-arts, le Prix de Rome, l’Académie de France à Rome) contre lequel l’Institut s’insurge, rend le climat délétère.
Les pensionnaires, pour leur part, apprécièrent ce directeur qui les laissait plus libres que son prédécesseur et prenait leur défense.
Enfin, durant son séjour romain, Horace Vernet a une activité artistique intense : il peint, participe à l’Académie de Saint-Luc, expose tant à Rome qu’à Paris. Horace Vernet quitte Rome en janvier 1835 après que sa fille, Elisabeth-Louise, et le peintre Hippolyte Delaroche se sont mariés à Saint-Louis-des-Français.
Les pièces d’archives qui composent le fonds du directorat d’Horace Vernet représentent, pour l’essentiel, deux typologies : correspondance et pièces comptables. D’une part, ce sont les nombreux courriers reçus de la tutelle en charge des beaux-arts par le directeur de l’Académie : lettres des ministres de l’Intérieur successifs (le vicomte de Martignac, le comte de Labourdonnais, le baron de Montbel, Guizot, le comte de Montalivet), puis du ministre du Commerce et travaux publics (le comte d’Argout), et enfin, de nouveau, du ministre de l’Intérieur (Thiers). Ce sont aussi les courriers adressés par les ambassadeurs et chargés d’affaires de France auprès du Saint-Siège (le marquis de La Tour Maubourg, le comte de Sainte-Aulaire) et ceux du secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, Quatremère de Quincy. D’autre part, de très nombreuses factures et quittances témoignent des travaux engagés à la Villa Médicis et de son fonctionnement, ainsi que du séjour des pensionnaires (achat de marbre et de toiles, fabrication de caisses pour les envois de Rome, moulages, voyages…) (cf. 20180611/2 à 20180611/5).
Quelques rares documents signés de Louise Vernet témoignent de la présence de la femme du directeur à la Villa (cf. 20180611/3).

Académie de France à Rome

Directorat de Charles Thévenin (1816-1823)

  • FR ISNI 0000 0001 2158 9529 20180401
  • Fonds
  • 1816 - 1829

Charles Thévenin est né le 12 juillet 1764 à Paris et décédé le 28 février 1838 à Paris ; comblé de responsabilités et d’honneur de son temps, il est un peintre français qui est resté peu étudié jusqu’à présent.
Fils d’un architecte de la cour, il étudie la peinture à l’Académie royale de peinture et de sculpture auprès de François-André Vincent. Il reçoit ses premières commandes et produit en 1790 la première version de La Prise de la Bastille, qui suscite de nombreux commentaires. Il reçoit un second prix au concours de l’an II pour Le 12 juillet 1789. Ses tableaux historiques, évoquant les scènes de la Révolution, lui a prodigué un certain succès.
Après avoir délaissé un temps la peinture historique pour des sujets décoratifs, il produit en 1798 Augereau au pont d’Arcole, qui inaugure une série de toiles à la gloire de l’Empire. Après avoir tenté une première fois, en 1787, le concours du Grand Prix, il obtient le Second prix de Rome pour Joseph reconnu par ses frères en 1789, puis partage le premier prix en 1791, avec Louis Lafitte, pour Régulus retourne à Carthage. Il montre alors de vraies qualités de dessinateur. Il part en Italie, à Florence, et ne se rend à Rome qu’en 1801, ayant du différé son séjour à cause des émeutes anti-françaises de 1793, et n’ayant obtenu son allocation de voyage qu’en 1798. Durant son temps à Rome, i séjourne à la Villa Médicis et fréquente Dominique Ingres.
Charles Thévenin est nommé directeur de l’Académie de France à Rome en 1816, à l’âge de 52 ans, et prend la suite de Guillaume Guillon-Lethière, Pierre-Narcisse Guérin ayant, à l’origine, été choisi, mais ayant décliné l’offre pour des raisons de santé.
En tant que directeur, Thévenin veille à l’entretien des bâtiments, à la bonne marche de l’établissement et au bien-être de ses habitants. Par ailleurs, il guide les pensionnaires, considérés alors comme des élèves. Son directorat est marqué par un déficit considérable, dû en grande partie aux frais engendrés par les travaux des pensionnaires (moulages des colonnes du Panthéon, transports, décor de l’église de la Trinité-des-Monts…), par les frais occasionnés par les fêtes officielles (illumination des façades) et par les dettes laissées en suspens par son prédécesseur, Guillon-Lethière (20180401/1, 20180401/2, 20180401/3, 20180401/4, 20180401/7). Son directorat est marqué également par la commande de tableaux faite par le comte de Blacas aux pensionnaires peintres dans le cadre de la restauration de l’église de la Trinité-des-Monts (20180401/1, 20180401/2). Certains manquements au règlement par des pensionnaires, comme celui de James Pradier (20180401/2), ponctuent son temps à la Villa Médicis. En 1820, il travaille à la rédaction d’un nouveau règlement de l’établissement, qui est mis en vigueur par ordonnance royale le 26 janvier 1821. Ses liens sont constants avec l’Académie des beaux-arts, comme le prouve les très nombreux courriers échangés avec Quatremère de Quincy, son secrétaire perpétuel. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1819 (20180401/2).
Charles Thévenin quitte Rome le 14 juillet 1823. De retour à Paris, alors que son directorat s’est achevé fin 1822, Charles Thévenin est élu membre de l’Académie des beaux-arts en 1825, en remplacement du peintre Girodet, puis il est nommé conservateur du Cabinet des estampes de la Bibliothèque du Roi, et conservateur des tableaux du château de Versailles en 1828-1829.
Les titres des documents de ce fonds d’archives ont été scrupuleusement retranscrits à l’identique.
Les pièces constitutives du fonds Thévenin ont été souvent citées dans des publications scientifiques sous leur ancienne cote (numéro du carton de conservation et numéro de folio). C’est la raison pour laquelle cette dernière est indiquée dans la description des articles et que l’ordre des documents a été repris tel que trouvé dans les liasses afin de respecter le foliotage.
Dans chaque carton, les feuillets des documents ont été foliotés ou paginés depuis de longues années. Cependant, les règles de foliotage montrent des pratiques sensiblement différentes d’un carton à l’autre, voire dans un même carton. Les liasses présentent très fréquemment l’utilisation de pochettes et sous-pochettes formées par des pièces d’archives contemporaines des autres documents. Ces derniers sont souvent « emboîtés » les uns dans les autres, avec un foliotage continu, d’une page à l’autre, sans que soit pris en compte la matérialité de chaque pièce. Ces « assemblages » ont été conservés afin de respecter le classement initial, probablement institué par le directeur de l’Académie de France à Rome.

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