Gestion des collections de la Bibliothèque de l'Académie
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- Fonds
- 1826 - 1968
Académie de France à Rome
Gestion des collections de la Bibliothèque de l'Académie
Académie de France à Rome
Directorat d'Horace Vernet (1829-1834)
Horace Vernet, né le 30 juin 1789 à Pariset mort le 17 janvier 1863 à Paris, est un peintre français. Il eut pour père, le peintre Charles-Horace Vernet (1758-1836) qui fut pensionnaire à l’Académie de France à Rome entre 1782 et 1783, et pour grands-pères Claude Joseph Vernet et de Jean-Michel Moreau. Horace Vernet intégra l’atelier du peintre François-André Vincent à l’École des beaux-arts de Paris et se fit connaître grâce à ses peintures de bataille.
Alors qu’Horace Vernet est membre de l’Académie royale des beaux-arts depuis 1826, sa nomination à l’Académie de France à Rome en août 1828 intervient sans heurt ; il succède ainsi à Pierre-Narcisse Guéri. Il arrive à Rome le 18 janvier 1829, accompagné de sa femme, Louise, sa fille, Élisabeth-Louise, et son père Carle. Il instaure, dès son arrivée à la Villa Médicis une vie brillante, avec fêtes et réceptions. Les nombreuses dépenses attirent les remarques des ministres de l’Intérieur successifs, à la suite des traites tirées à la banque Torlonia et aux agios. Le personnel domestique est renouvelé et augmenté (cf. 20180611/1). Les appartements du directeur sont redécorés (cf. 20180611/2), et l’un des deux belvédères de la Villa se voit réaménagé en « chambre turque » (camera alla turca). De nombreux travaux sont mis à l’étude : réfection du piazzale et des studios des pensionnaires (cf. 20180661/1). Il est à noter que le directorat d’Horace Vernet est marqué par l’affaire des terrains du Orto di Napoli que l’Académie souhaitait récupérer contre l’avis de Serny, contentieux locatif auquel la Chambre apostolique it fin au profit de l’Académie (cf. 20180611/3).
Les relations avec les autorités romaines sont sans difficulté. Le cardinal Tommaso Bernetti ne s’oppose pas à l’entrée des pensionnaires au Vatican, il en est de même du secrétaire de l’Académie pontificale d’archéologie, Luigi Griffi, pour les pensionnaires architectes. Celles avec Paris, sont parfois plus chaotiques. Si le ministère se montre souvent complaisant envers Horace Vernet et lui accorde de revenir plusieurs fois à Paris, de séjourner à la cour de Turin, et de s’embarquer en mars 1833 pour l’Algérie, l’Académie royale des beaux-arts fait preuve de relations plus tendues avec le directeur. Le premier sujet de discorde concerne la nomination du secrétaire bibliothécaire qui succède à André Lemonnier, démissionnaire en 1831. Le deuxième point de tension naît de la volonté d’Horace Vernet d’autoriser les pensionnaires architectes à voyager dès les trois premières années (cf. 20180611/1). Enfin, le projet de réforme des trois institutions placées sous le contrôle de l’Académie des beaux-arts (l’École des beaux-arts, le Prix de Rome, l’Académie de France à Rome) contre lequel l’Institut s’insurge, rend le climat délétère.
Les pensionnaires, pour leur part, apprécièrent ce directeur qui les laissait plus libres que son prédécesseur et prenait leur défense.
Enfin, durant son séjour romain, Horace Vernet a une activité artistique intense : il peint, participe à l’Académie de Saint-Luc, expose tant à Rome qu’à Paris. Horace Vernet quitte Rome en janvier 1835 après que sa fille, Elisabeth-Louise, et le peintre Hippolyte Delaroche se sont mariés à Saint-Louis-des-Français.
Les pièces d’archives qui composent le fonds du directorat d’Horace Vernet représentent, pour l’essentiel, deux typologies : correspondance et pièces comptables. D’une part, ce sont les nombreux courriers reçus de la tutelle en charge des beaux-arts par le directeur de l’Académie : lettres des ministres de l’Intérieur successifs (le vicomte de Martignac, le comte de Labourdonnais, le baron de Montbel, Guizot, le comte de Montalivet), puis du ministre du Commerce et travaux publics (le comte d’Argout), et enfin, de nouveau, du ministre de l’Intérieur (Thiers). Ce sont aussi les courriers adressés par les ambassadeurs et chargés d’affaires de France auprès du Saint-Siège (le marquis de La Tour Maubourg, le comte de Sainte-Aulaire) et ceux du secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, Quatremère de Quincy. D’autre part, de très nombreuses factures et quittances témoignent des travaux engagés à la Villa Médicis et de son fonctionnement, ainsi que du séjour des pensionnaires (achat de marbre et de toiles, fabrication de caisses pour les envois de Rome, moulages, voyages…) (cf. 20180611/2 à 20180611/5).
Quelques rares documents signés de Louise Vernet témoignent de la présence de la femme du directeur à la Villa (cf. 20180611/3).
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Directorat de Charles Thévenin (1816-1823)
Charles Thévenin est né le 12 juillet 1764 à Paris et décédé le 28 février 1838 à Paris ; comblé de responsabilités et d’honneur de son temps, il est un peintre français qui est resté peu étudié jusqu’à présent.
Fils d’un architecte de la cour, il étudie la peinture à l’Académie royale de peinture et de sculpture auprès de François-André Vincent. Il reçoit ses premières commandes et produit en 1790 la première version de La Prise de la Bastille, qui suscite de nombreux commentaires. Il reçoit un second prix au concours de l’an II pour Le 12 juillet 1789. Ses tableaux historiques, évoquant les scènes de la Révolution, lui a prodigué un certain succès.
Après avoir délaissé un temps la peinture historique pour des sujets décoratifs, il produit en 1798 Augereau au pont d’Arcole, qui inaugure une série de toiles à la gloire de l’Empire. Après avoir tenté une première fois, en 1787, le concours du Grand Prix, il obtient le Second prix de Rome pour Joseph reconnu par ses frères en 1789, puis partage le premier prix en 1791, avec Louis Lafitte, pour Régulus retourne à Carthage. Il montre alors de vraies qualités de dessinateur. Il part en Italie, à Florence, et ne se rend à Rome qu’en 1801, ayant du différé son séjour à cause des émeutes anti-françaises de 1793, et n’ayant obtenu son allocation de voyage qu’en 1798. Durant son temps à Rome, i séjourne à la Villa Médicis et fréquente Dominique Ingres.
Charles Thévenin est nommé directeur de l’Académie de France à Rome en 1816, à l’âge de 52 ans, et prend la suite de Guillaume Guillon-Lethière, Pierre-Narcisse Guérin ayant, à l’origine, été choisi, mais ayant décliné l’offre pour des raisons de santé.
En tant que directeur, Thévenin veille à l’entretien des bâtiments, à la bonne marche de l’établissement et au bien-être de ses habitants. Par ailleurs, il guide les pensionnaires, considérés alors comme des élèves. Son directorat est marqué par un déficit considérable, dû en grande partie aux frais engendrés par les travaux des pensionnaires (moulages des colonnes du Panthéon, transports, décor de l’église de la Trinité-des-Monts…), par les frais occasionnés par les fêtes officielles (illumination des façades) et par les dettes laissées en suspens par son prédécesseur, Guillon-Lethière (20180401/1, 20180401/2, 20180401/3, 20180401/4, 20180401/7). Son directorat est marqué également par la commande de tableaux faite par le comte de Blacas aux pensionnaires peintres dans le cadre de la restauration de l’église de la Trinité-des-Monts (20180401/1, 20180401/2). Certains manquements au règlement par des pensionnaires, comme celui de James Pradier (20180401/2), ponctuent son temps à la Villa Médicis. En 1820, il travaille à la rédaction d’un nouveau règlement de l’établissement, qui est mis en vigueur par ordonnance royale le 26 janvier 1821. Ses liens sont constants avec l’Académie des beaux-arts, comme le prouve les très nombreux courriers échangés avec Quatremère de Quincy, son secrétaire perpétuel. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1819 (20180401/2).
Charles Thévenin quitte Rome le 14 juillet 1823. De retour à Paris, alors que son directorat s’est achevé fin 1822, Charles Thévenin est élu membre de l’Académie des beaux-arts en 1825, en remplacement du peintre Girodet, puis il est nommé conservateur du Cabinet des estampes de la Bibliothèque du Roi, et conservateur des tableaux du château de Versailles en 1828-1829.
Les titres des documents de ce fonds d’archives ont été scrupuleusement retranscrits à l’identique.
Les pièces constitutives du fonds Thévenin ont été souvent citées dans des publications scientifiques sous leur ancienne cote (numéro du carton de conservation et numéro de folio). C’est la raison pour laquelle cette dernière est indiquée dans la description des articles et que l’ordre des documents a été repris tel que trouvé dans les liasses afin de respecter le foliotage.
Dans chaque carton, les feuillets des documents ont été foliotés ou paginés depuis de longues années. Cependant, les règles de foliotage montrent des pratiques sensiblement différentes d’un carton à l’autre, voire dans un même carton. Les liasses présentent très fréquemment l’utilisation de pochettes et sous-pochettes formées par des pièces d’archives contemporaines des autres documents. Ces derniers sont souvent « emboîtés » les uns dans les autres, avec un foliotage continu, d’une page à l’autre, sans que soit pris en compte la matérialité de chaque pièce. Ces « assemblages » ont été conservés afin de respecter le classement initial, probablement institué par le directeur de l’Académie de France à Rome.
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Directorat de Guillaume Guillon dit Lethière (1807-1816)
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Deuxième directorat de Jean-Victor Schnetz (1853-1866)
D’une famille originaire de Suisse, Jean-Victor Schnetz est né le 14 avril 1787 à Versailles et meurt à Paris le 16 mars 1870.
Il est d’abord formé par Jean-Baptiste Regnault, puis par Jacques-Louis David, par Antoine-Jean Gros et par François Gérard. Dans les ateliers du Louvre, il noue des relations étroites avec le Belge Navez, Horace Vernet, Léopold Robert, Théodore Géricault ou le peintre Alaux. Il expose au Salon à partir de 1808 ou de 1812, jusqu’en 1867, et remporte des médailles de première classe en 1819 et lors de l’Exposition universelle de 1855.
Inscrit à l’École des Beaux-Arts, Jean-Victor Schnetz se présente à cinq reprises au Prix de Rome (1809, 1812, 1813, 1814 et 1816), mais sans jamais remporter l’épreuve finale. Pour autant, il part en Italie en 1817, et se présente au concours Canova organisé par l’Académie de Saint-Luc et remporte le premier prix. Il peut dès lors fréquenter la Villa Médicis où il est reçu par son directeur Charles Thévenin. À cette même époque, Jean-Victor Schnetz prend un atelier rue Babuino, proche de celui d’Ingres. Il quitte Rome en 1820, rappelé par son frère Antoine. Un deuxième séjour à Rome de 1821 à 1824 renforce son goût pour la peinture, puis un troisième entre 1825 et 1831.
De retour à Paris en 1831, Jean-Victor Schnetz participe aux principaux chantiers décoratifs parisiens sous Louis-Philippe. Il est l’un des quatre peintres appelés pour célébrer sur les murs de l’ancienne Salle du Trône de l’Hôtel de Ville les grandes révolutions parisiennes. Ainsi, Jean-Victor Schnetz illustre le second jour des « Trois Glorieuses » de 1830.
Jean-Victor Schnetz prend la direction de l’Académie de France à Rome en 1853, à la suite de Jean Alaux. C’est la deuxième fois qu’il est élu à ce poste prestigieux. Il a alors soixante-seize ans. Son deuxième directorat est marqué par la grande réforme de 1863 qui retire à l’Académie des Beaux-arts sa tutelle sur l’Académie de France à Rome, mais également par le décès de dix-sept pensionnaires (Maillot, Clément, Gumery, Galibert, Bonnardel...) durant les quatorze années de son mandat. Le secrétaire Le Go et l’architecte Luigi Poletti, toujours présent à la Villa Médicis, secondent Schnetz pour toutes les actions administratives, les aménagements et la restauration des bâtiments et jardins.
À Rome, Jean-Victor Schnetz entretient de bonnes relations avec les ambassadeurs de France successifs, le Saint-Siège et l’aristocratie romaine. Il reçoit régulièrement la visite d’artistes et d’érudits, parmi lesquels on peut noter celle, en 1853, de son ami et secrétaire perpétuel de l’Académie Raoul-Rochette, et l’éminent épigraphiste Léon Renier, venu à Rome en 1861 pour l’acquisition de la collection Campana. Le passage en 1857 de la tsarine douairière en 1857 et celle des fils d’Abd El Kader en 1866 témoignent du rôle prestigieux que conserve l’Académie de France à Rome auprès d’hôtes illustres.
La correspondance administrative de Jean-Victor Schnetz se fait pour l’essentiel avec Fould, ministre d’État en charge des Beaux-Arts et des travaux publics, ou avec Alfred Blanche, son secrétaire général. À partir de 1863, les Beaux-Arts rejoignent la Maison de l’Empereur dirigée par le maréchal Vaillant, avec le comte de Nieuwerkerke comme surintendant des Beaux-Arts ; les Bâtiments civils sont alors confiés à Pelletier. Les ordonnancements se font par l’intermédiaire du payeur de la division française d’occupation à Rome. Les fonds arrivent plus régulièrement que sous le directorat de Jean Alaux, mais pour autant, il est rappelé régulièrement à Schnetz de se plier aux règles de la comptabilité publique en veillant à des quittances conformes. À force de réitérer ses demandes, Schnetz obtient que soient augmenté son secrétaire Le Go et certains des pensionnaires.
Sous son directorat, sont commandées dix copies d’antiques pour la décoration de la cour du Louvre, dont l’acheminement rencontra les mêmes difficultés que ceux des envois des pensionnaires.
Jean-Victor Schnetz quitte la Villa Médicis en 1866 après un directorat de quatorze ans ; il est alors âgé de quatre-vingt-neuf ans. À Jean-Victor Schnetz succède Joseph-Nicolas Robert-Fleury qui arrive à Rome le 16 juin 1866.
Des pièces d’archives associées au fonds du directorat Schnetz ont été produites par Ernest Hébert, directeur de l’Académie de France à Rome qui a succédé à Joseph-Nicolas Robert-Fleury en 1867 (cf 20190153/4), comme la série d’inventaires dressés par Joseph-Nicolas Robert-Fleury et par Ernest Hébert (cf 20190153/19). Il a été décidé de les maintenir dans le fonds du second directorat de Victor Schnetz afin d’une part d’observer les références des publications antérieures au versement du fonds, et d’autre part en méconnaissance du classement initial de ces documents.
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Directorat de Joseph-Nicolas Robert-Fleury (1866-1867)
Né à Cologne le 8 août 1797, Joseph-Nicolas Robert-Fleury est peintre d’histoire, dans un style troubadour, et membre de l’Institut. Formé dans l’atelier du peintre Antoine-Jean Gros, il perfectionne son art en Italie et débute au Salon de Paris en 1824. En 1850, il succède à François Marius Granet à l’Académie des beaux-arts. En 1855, il est nommé professeur et, en 1863, directeur de l’École des beaux-arts de Paris, avant d’assurer le directorat de l’Académie de France à Rome, en succédant à Victor Schnetz.
Le directorat de Joseph-Nicolas Robert-Fleury est de courte durée : arrivé à Rome le 16 juin 1866, il quitte la Villa Médicis le 16 février 1867 en raison de la santé défaillante de son épouse. Les archives produites lors de son passage à l’Académie de France à Rome sont assez pauvres ; elles sont, pour l’essentiel, liées au suivi comptable de l’institution et dans la continuité de la gestion de Victor Schnetz.
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Directorat de Pierre-Narcisse Guérin (1823-1828)
Premier prix de Rome en 1797, le peintre Pierre-Narcisse Guérin (Paris, 1774-Rome, 1833) devient membre de l’Académie des Beaux-arts en 1815, puis est nommé vice-président en 1821, et enfin président en 1822. Il est à plusieurs reprises rapporteur sur les envois de Rome en peinture, et enseigne à l’École des beaux-arts de Paris à compter de 1816. Il est nommé directeur de l’Académie de France à Rome par arrêté du 10 avril 1822, alors qu’il en avait décliné auparavant la proposition du roi Louis XVIII pour succéder à Guillon-Lethière en 1816. Il prend la suite, dans ce poste, à Charles Thévenin. Arrivé à Rome le 21 novembre 1822, pour occuper ses fonctions au 1er janvier 1823, ce directeur à la santé fragile reste à la Villa Médicis jusqu’au mois d’août 1829. Le remplace à l’Académie, le peintre Horace Vernet.
Son action à la Villa Médicis est double, comme le prouve la correspondance et les comptes : veiller à l’entretien du bâtiment et au bon fonctionnement de l’établissement ; guider les pensionnaires et obtenir qu’ils obéissent au règlement. À sa prise de fonction, Pierre-Narcisse Guérin déplore un déficit considérable, et malgré ses efforts d’économie, la dotation accordée à la Villa Médicis est à peine suffisante tout aulong de son directorat.
Les comptes (20180402/2-20180402/4) montrent les travaux constants dont bénéficient la Villa : renforcement du mur de soutènement de la terrasse, menuiserie, serrurerie, vitrerie… Les artisans semblent être sans cesse à l’œuvre. L’aménagement des intérieurs, accompagné d’une recherche de confort, est confirmé par l’acquisition de mobilier et de vaisselle. Quant à la fourniture des biens de consommation courante (huile, sucre…), la présence des domestiques (cuisinier, femme de charge, concierges, jardiniers), les besoins très fréquents d’interventions de médecins et d’apothicaires, ils témoignent de la vie quotidienne de cette petite communauté installé sur le Pincio.
Le suivi des pensionnaires occupe une large place dans l’activité du directeur Guérin : l’accueil annuel des Grands prix, mais aussi les retours en France, l’exigence sans cesse rappelée de la remise régulière des travaux pour les envois, l’organisation de l’exposition annuelle, l’organisation des voyages des pensionnaires à travers l’Italie, l’enrichissement de la bibliothèque, les besoins en matériaux et en outils (marbre de Carrare, toile, plâtre, peinture, échelle, caisses...) et la production de nombreux moulages. Toutefois ce directorat reste également très marqué par l’implication de certains des pensionnaires dans les fouilles, relevés et restaurations réalisés sur les forum (20180402/1), le portique d’Octavie, la colonne Trajane, au point que ces pensionnaires réclament que soit reconnus comme travaux pour les envois ces productions. Les pensionnaires architectes y sont particulièrement impliqués (20180402/4).
Enfin, l’étude des archives du fonds Guérin est révélateur des arcanes de l’administration romaine et de la forte présence de l’administration française. Elle est sur ce point un témoignage très vivant des relations qu’entretient la France, via son Académie, avec le pouvoir en place, et son souci de représentation à Rome (l’illumination de la Villa pour la fête du roi). Les nombreuses demandes d’autorisation auprès du Vatican sont révélatrices de ce fait, tout comme les échanges abondants de courriers entre Guérin et Quatremère de Quincy, alors secrétaire perpétue de l’Académie des Beaux-arts.
Les titres des documents de ce fonds d’archives ont été scrupuleusement retranscrits à l’identique.
Les pièces constitutives du fonds Guérin ont été souvent citées dans des publications scientifiques sous leur ancienne cote (numéro du carton de conservation et numéro de folio), tout particulièrement dans Correspondance des directeurs de l’Académie de France à Rome. Pierre-Narcisse Guérin (1823-1828). C’est la raison pour laquelle cette dernière est indiquée dans la description des articles et que l’ordre des documents a été repris tel que trouvé dans les liasses afin de respecter le foliotage.
Dans chaque carton, les feuillets des documents ont été foliotés ou paginés depuis de longues années. Cependant, les règles de foliotage montrent des pratiques sensiblement différentes d’un carton à l’autre, voire dans un même carton. Les liasses présentent très fréquemment l’utilisation de pochettes et sous-pochettes formées par des pièces d’archives contemporaines des autres documents. Ces derniers sont souvent « emboîtés » les uns dans les autres, avec un foliotage continu, d’une page à l’autre, sans que soit pris en compte la matérialité de chaque pièce. Ces « assemblages » ont été conservés afin de respecter le classement initial, probablement institué par le directeur de l’Académie de France à Rome.
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Directorat de Jean Auguste Dominique Ingres (1835-1840)
Après un premier apprentissage à Montauban, sa ville natale, il devient à Paris élève de Jacques-Louis David. Prix de Rome en 1801, il ne se rend en Italie qu’en 1806, et y reste jusqu’en 1824. De retour à Paris, il connaît la reconnaissance officielle, apparaissant comme le champion de la doctrine du beau et de la primauté du dessin sur la couleur, en opposition successive aux courants romantiques et réalistes. Il se marie en 1813 avec Madeleine Chapelle (1782-1849), une jeune modiste. Nommé directeur de l’Académie de France à Rome, il retourna de 1835 à 1842, avec sa femme, dans la Ville éternelle, et ne revint jamais à Paris durant son directorat. Son élection, à l’âge de 52 ans, au poste de directeur de l’Académie de France à Rome ne fut pas aisée, compte tenu des nombreux autres prétendants comme Garnier, Granet, Bosio ou Schnetz. Son nom ne s’imposa qu’après 9 scrutins, et l’arrêté fut signé le 5 juillet 1834. Ingres en fut piqué au vif.
Le directorat de Dominique Ingres fut marqué par des relations difficiles entre l’Académie et l’administration romaine, peu francophile à l’époque, et la supérieure du couvent de la Trinité des Monts, peu respectueuse envers ce directeur.
Jamais l’Académie de France à Rome ne reçut autant d’argent, tant pour son budget général que pour la réalisation de moulages et copies destinés à l’École des beaux-arts et que pour les travaux entrepris à la Villa. Il suffit de considérer les sommes allouées aux frères Balze pour ls copies des Loges et des Stanze de Raphaël, qu’Ingres suivit avec beaucoup d’attention (cf ; 20180612/8). L’administration matérielle de l’Académie semble reposer entièrement sur madame Ingres et sur Le Go, alors que le directeur est très occupé par ses propres œuvres : l’achèvement de l’Odalisque à l’esclave, la Stratonice et l’ébauche de la Vierge à l’hostie.
En ce qui concerne les travaux menés sur les bâtiments de la Villa Médicis, les restaurations portent sur une galerie d’architecture, sur le portique et sur les consolidations de la terrasse bordant le jardin, ainsi que sur les appartements du directeur (cf. 20180612/3). Les sommes allouées en 1838 sont très importantes, et pourtant Ingres en réclame le double, probablement à la suite des plaintes des pensionnaires qui reprochent à Ingres que les travaux n’aient pas amélioré leurs chambres et leurs ateliers. Ingres entreprit également durant son séjour de dégager des perspectives en coupant des arbres centenaires et en détruisant certains ateliers, comme celui de Simart, ce qui lui fut également reproché.
C’est durant le directorat d’Ingres que fut un changement du statut comptable pour le paiement des factures et des quittances (cf. 20180612/1). Désormais, à la demande de la Cour des comptes, l’Académie de France à Rome passât à un régime de régie directe. Quittances et factures étaient payées directement par le ministère ; seuls les frais de fonctionnement étaient toujours payés par la banque Torlonia, qui recevait dès lors les ordonnances de paiement une fois par trimestre et non une fois par an, ce qui engendra une hausse des frais de change.
Les relations d’Ingres envers l’Académie des beaux-arts, et avec ses secrétaires perpétuels, Quatremère de Quincy, puis Raoul-Rochette, sont d’une grande déférence comme l’indique la correspondance officielle. Pourtant cette dernière reprocha au directeur son désintérêt pour les travaux des pensionnaires, et Quatremère dut rappeler au directeur sa mission. Nous retrouvons également trace d’une correspondance avec les différents présidents de l’Académie. C’est ainsi qu’en 1837, Lebas s’inquiète de la santé du directeur Ingres et des pensionnaires durant l’épidémie de choléra.
Quant aux relations qu’entretint Ingres avec les pensionnaires, elles se montrèrent souvent contradictoires. Sous son directorat, jamais les pensionnaires ne furent autant souffrants. L’épidémie de choléra, qui entraîna la mort de Sigalon en 1837, en fut le point d’orgue et désorganisa un temps les envois (cf. 20180612/1). Ces maladies occasionnèrent des absences fréquentes et des rapatriements en nombre, alors que les pensionnaires continuaient à percevoir leur pension. L’autre problème fut le mariage de certains d’entre eux, comme celui de Baltard, obligés alors de vivre hors des murs de la Villa. Dans un premier temps, Ingres exigea d’eux de rejoindre la Villa, avant de plaider leur cause auprès du ministre de l’Intérieur et de Quatremère de Quincy (20180612/1). Enfin, il est organisé un enseignement de l’archéologie à l’Académie de France à Rome (cf. 20180612/1).
Ingres se montra satisfaits de ses pensionnaires et les soutint régulièrement. Pour autant, l’Académie des beaux-arts, elle, manifesta sa réprobation devant l’absence des envois des travaux obligatoires, tels que les copies d’après le modèle vivant ou d’après l’antique, pour les peintres, graveurs et sculpteurs. Les pensionnaires se virent alors menacés d’une saisie de leur pension. Les travaux de restauration des pensionnaires architectes entraînèrent en revanche l’adhésion de l’Académie. Les envois restèrent, dans tous les cas et comme pour les directorats précédents, un sujet de préoccupation majeure, comme le montre la réalisation des caisses par les menuisiers (cf. 20180612/8).
Les titres des documents portés sur les pochettes de ce fonds d’archives ont été scrupuleusement retranscrits à l’identique.
Les pièces constitutives du fonds Ingres ont été souvent citées dans des publications scientifiques sous leur ancienne cote (numéro du carton de conservation et numéro de folio), tout particulièrement dans Correspondance des directeurs de l’Académie de France à Rome. Jean-Auguste-Dominique Ingres 1835-1841. C’est la raison pour laquelle cette dernière est indiquée dans la description des articles et que l’ordre des documents a été repris tel que trouvé dans les liasses afin de respecter le foliotage.
Dans chaque carton, les feuillets des documents ont été foliotés ou paginés depuis de longues années. Cependant, les règles de foliotage montrent des pratiques sensiblement différentes d’un carton à l’autre, voire dans un même carton. Les liasses présentent très fréquemment l’utilisation de pochettes et sous-pochettes formées par des pièces d’archives contemporaines des autres documents. Ces derniers sont souvent « emboîtés » les uns dans les autres, avec un foliotage continu, d’une page à l’autre, sans que soit pris en compte la matérialité de chaque pièce. Ces « assemblages » ont été conservés afin de respecter le classement initial, probablement institué par le directeur de l’Académie de France à Rome.
La typologie des documents est pour l’essentiel de deux ordres : des courriers et des pièces comptables, souvent mêlés dans l’article 20180612/1.
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Directorat de Jean-Victor Schnetz (1841-1846)
D’une famille originaire de Suisse, Jean-Victor Schnetz est né le 14 avril 1787 à Versailles et meurt à Paris le 16 mars 1870.
Il est d’abord formé par Jean-Baptiste Regnault, puis par Jacques-Louis David, par Antoine-Jean Gros et par François Gérard. Dans les ateliers du Louvre, il noue des relations étroites avec le Belge Navez, Horace Vernet, Léopold Robert, Théodore Géricault ou le peintre Alaux. Il expose au Salon à partir de 1808 ou de 1812, jusqu’en 1867, et remporte des médailles de première classe en 1819 et lors de l’Exposition universelle de 1855.
Inscrit à l’École des Beaux-arts, Jean-Victor Schnetz se présente à cinq reprises au Prix de Rome (1809, 1812, 1813, 1814 et 1816), mais sans jamais remporter l’épreuve finale. Pour autant, il part en Italie en 1817, et se présente au concours Canova organisé par l’Académie de Saint-Luc et remporte le premier prix. Il peut dès lors fréquenter la Villa Médicis où il est reçu par son directeur Charles Thévenin. À cette même époque, Jean-Victor Schnetz prend un atelier rue Babuino, proche de celui d’Ingres. Il quitte Rome en 1820, rappelé par son frère Antoine. Un deuxième séjour à Rome de 1821 à 1824 renforce son goût pour la peinture, puis un troisième entre 1825 et 1831.
De retour à Paris en 1831, Jean-Victor Schnetz participe aux principaux chantiers décoratifs parisiens sous Louis-Philippe. Il est l’un des quatre peintres appelés pour célébrer sur les murs de l’ancienne Salle du Trône de l’Hôtel de Ville les grandes révolutions parisiennes. Ainsi, Jean-Victor Schnetz illustre le second jour des « Trois Glorieuses » de 1830.
Élu en 1837 à l’Académie des beaux-arts, il se présente en 1841, à la succession de Dominique Ingres comme directeur de l’Académie de France à Rome, bien que n’ayant jamais été pensionnaire. Son expérience de l’Italie plaide en sa faveur. Il est nommé en 1841 et conserve ce poste jusqu’en 1846. Il le retrouve une seconde fois entre 1853 et 1866, date à laquelle lui succède Joseph-Nicolas Robert-Fleury.
Au début de son directorat, Jean-Victor Schnetz fait plusieurs réclamations d’ordre budgétaire, à la suite de celles portées par Dominique Ingres, auprès du directeur des Beaux-arts Cavé, alors que la vie à Rome est devenue toujours plus chère, que le nombre des pensionnaires a grandi avec l’arrivée des graveurs en taille douce, les musiciens et les peintres paysagistes, et que le prix des modèles a doublé. Une commission pour évaluer les besoins de l’Académie est nommée et Schnetz est écouté : les pensions mensuelles sont augmentées, des emprunts sont faits auprès des banquiers et les avances ne sont plus à la charge du directeur. Une autre réforme concerne le voyage en Grèce pour les pensionnaires architectes en 3e année pour une période de 4 mois. Cette mesure adoptée en 1845 est probablement à l’origine de la création fin 1846 de l’École française d’Athènes. Les architectes Titeux et Paccard sont les premiers à bénéficier de cette mesure. Malheureusement Philippe Titeux meurt à Athènes en février 1846 (20190056/1).
Le directorat de Jean-Victor Schnetz est marqué par plusieurs événements comme la visite du duc d’Aumale en 1843, première visite d’un prince royal à la Villa Médicis ; ou la venue du secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts Raoul-Rochette ce qui fut pour lui l’occasion de féliciter le zèle des artistes pensionnaires et de mieux défendre l’Académie de France à Rome auprès du ministère de l’Intérieur.
Avant de quitter son poste Jean-Victor Schnetz reçoit la première promotion des élèves de l’École française d’Athènes le 14 février 1847.
Aux dires des pensionnaires, Jean-Victor Schnetz est aimé et respecté des pensionnaires. Il exerce une influence considérable sur ces derniers en les incitant à peindre d’après nature et non d’après les modèles en plâtre et leur obtient des autorisations pour aller dessiner dans les quartiers gitans de Rome.
Pendant son directorat, Jean-Victor Schnetz trouve le temps de s’adonner à la peinture. Son originalité réside dans l’introduction dans la peinture d’histoire des types et des mœurs de l’Italie de son époque, modernisant par là la peinture d’histoire.
Enfin, sous son directorat, des travaux notables sont menés sur les conduites de la Villa Médicis pour la mise en place d’un nouveau système d’alimentation en eau de la Villa provenant de l’Aqua Felice et ainsi améliorer l’état sanitaire de ses occupants (20190056/1 et 20190056/4). Les autres grands chantiers concernent la construction du mur de clôture entre la Villa Médicis et les jardins du Pincio (20190056/7) et l’aménagement du pavillon San Gaetano (20190056/7). En août 1841, la Villa Médicis est déclarée « Monument d’intérêt général » ; son entretien est désormais à la charge du département des Travaux publics (20190056/1).
Les titres des documents ou dossiers sont repris strictement.
L’expression « vrac bibliothèque. 1er/08/2004 » désigne des lots de pièces d’archives retrouvés à la bibliothèque de la Villa Médicis et mis à la suite des documents précédemment classés et foliotés.
Académie de France à Rome